Comment, depuis Pépin le Bref et Charlemagne, les relations entre État et religions se sont-elles développées en France ? À travers cette histoire tumultueuse, Lucien Jaume met en lumière les relations de rivalité, de mimétisme et parfois de confusion qui se sont établies entre le politique et le religieux. La Révolution, s’inscrivant dans cette longue histoire, affirme de manière renouvelée la suprématie de l’État sur l’Église. Le Concordat de Napoléon, puis la laïcité — conçue par Jules Ferry et Ferdinand Buisson comme un succédané moral, spirituel et patriotique de la religion — concourent à légitimer la République. La séparation des Églises et de l’État en 1905 et la « République enseignante » constituent le point d’orgue de la laïcité. Lucien Jaume montre de manière pénétrante que la laïcité au sens français est une façon pour l’État d’affirmer son autorité contre les empiétements des religions et des Églises et de justifier son rôle d’éducateur et de producteur de la nation. L’État, comme garant de la liberté de conscience, promeut une tutelle centralisatrice contrastant avec l’approche anglaise ou américaine. La venue d’une nouvelle religion, l’islam sunnite, qui n’est pas une Église constituée, modifie profondément le panorama religieux français et pose le problème d’un mode de représentation permettant la création d’un islam de France. Afin d’assurer la pérennité de la laïcité à la française, en s’appuyant sur son histoire, et à rebours de tout dogmatisme, Lucien Jaume en propose ici une définition philosophique renouvelée comme culture de l’esprit et du citoyen offerte à chacun.
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